Les ligaments du genou : Un sujet à risque

Votre genou encaisse des forces qui dépassent parfois ce que les tissus peuvent amortir. Se repérer dans l’anatomie du genou vous aide à mesurer les limites, quand chaque ligament tient une charge bien réelle.

Course à pied, football, ski, travaux à genoux, gestes brusques, fatigue nerveuse, tout peut basculer en une torsion. Quand la stabilité ligamentaire cède, le genou se dérobe, gonfle vite, et les ruptures du LCA montent dans les sports d’appui et pivot. Ces signaux suivent des traumatismes sportifs à haute énergie ou des accélérations freinées maladroitement, avec un craquement net. Stop.

Anatomie fonctionnelle : quatre piliers pour la stabilité

Le genou agit comme une charnière subtile, stabilisée par des haubans dynamiques et des co-contractions musculaires. Pour clarifier qui fait quoi, voici un panorama synthétique des principaux ligaments et de leurs fonctions, utile pour relier la perception du mouvement au contrôle mécanique.

  • Le LCA freine le tiroir antérieur et contribue au contrôle rotatoire.
  • Le LCP limite le tiroir postérieur, surtout genou fléchi.
  • Le ligament latéral interne stabilise contre le valgus et protège le ménisque interne.
  • Le ligament latéral externe résiste au varus et stabilise le plan frontal.

Les ménisques amortissent, les muscles guident et la proprioception calibre le geste. Dans ce système, le ligament croisé antérieur limite le tiroir et la rotation, le ligament croisé postérieur sécurise le recul tibial, le collatéral médial s’oppose au valgus, tandis que la cinématique articulaire dépend du timing neuromusculaire.

Pourquoi ces ligaments cèdent-ils ?

Une torsion mal contrôlée, un freinage sur appui fixe ou un choc latéral peut rompre des fibres et déstabiliser l’articulation. Ces mécanismes lésionnels combinent valgus, rotation interne et cisaillement, parfois avec un délai neuromoteur qui laisse la contrainte dépasser la capacité des tissus.

À retenir — environ 70 % des ruptures du LCA surviennent sans contact, lors de changements de direction ou réceptions mal contrôlées.

La fatigue, un chaussage trop rigide ou une surface très accrocheuse accroissent les contraintes lors des freinages et des appuis en rotation. Selon la biomécanique du pivot, une décélération sur genou semi-fléchi majore le couple en rotation et le valgus, surtout si les ischio-jambiers n’opposent pas un freinage suffisant.

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Situations à risque : sports, gestes et morphotypes

Les entorses explosent lors de changements d’appuis, d’arrêts brusques et de duels. Dans les sports de pivot-contact, comme le handball ou le football, la rotation du tronc sur un pied fixe crée un cisaillement du ligament croisé antérieur (LCA). Un terrain glissant accentue le risque lors des freinages.

Un contact latéral n’explique pas tout. Une mauvaise réception de saut avec genou en valgus et pied en rotation interne surcharge le LCA. Chez certaines personnes, des facteurs morphologiques comme un Q-angle élevé, une hyperlaxité ou un genu valgum augmentent la contrainte lors des pivots répétés.

Du craquement à l’IRM : le parcours diagnostique

Un claquement soudain, une douleur vive et un genou qui gonfle en quelques heures orientent vers une entorse. Le médecin réalise un examen clinique du genou pour localiser la douleur, rechercher un épanchement et jauger la stabilité. Des tests de laxité comme Lachman, tiroir antérieur ou pivot-shift aident à estimer l’atteinte ligamentaire.

Les radiographies éliminent une fracture ou une avulsion osseuse. Pour voir ligaments, ménisques et cartilage, l’imagerie par IRM précise la lésion, détecte les atteintes associées et guide la prise en charge. Le compte rendu aboutit à une classification des entorses en grades I, II ou III, ce qui conditionne immobilisation, rééducation et éventuelle chirurgie.

Étape du parcoursObjectifExamen ou imagerieCe qui est analyséDécision
Sur le terrain ou immédiatementIdentifier les signaux d’alarmeObservation, glace, mise au reposCraquement, douleur, gonflement, sensation d’instabilitéArrêt de l’activité, protection (attelle, béquilles)
Consultation initialeÉvaluer la stabilitéPalpation, mobilité, examen cliniquePoints douloureux, épanchement, amplitudeOrientation vers tests spécifiques
Tests spécifiquesQualifier la laxitéÉvaluations de laxité (Lachman, tiroir antérieur, pivot-shift, stress varus/valgus)Intégrité LCA, LCP, LLI, LLESuspicion d’entorse simple ou sévère
Imagerie standardExclure une lésion osseuseRadiographies (face, profil, Schuss)Fracture, avulsion de Segond, alignementConfirmation de l’absence de fracture
Confirmation lésionnelleVisualiser les tissus mousIRMLigaments, ménisques, cartilage, œdèmeStadification de la lésion
Gradation de l’entorseDéterminer la sévéritéGradation des entorses (I, II, III)Élongation, rupture partielle ou complèteChoix conservateur vs chirurgie
Suivi et repriseAdapter la rééducationRéévaluation clinique, tests fonctionnelsForce, proprioception, critères de retour au sportDécision de reprise progressive

Peut-on prévenir sans surcharger l’articulation ?

Prévenir sans alourdir le genou passe par une progression dosée, un contrôle des gestes et une technique de réception soignée. Intégrez le travail d’équilibre, les changements d’appui et la proprioception dynamique lors de mouvements proches du jeu. Quelques repères pratiques :

  • Échauffement neuromusculaire avec sauts légers et fentes contrôlées.
  • Pliométrie à faible impact, en gardant l’alignement genou‑pied.
  • Changements de direction à cadence maîtrisée, angle de pivot réduit.
  • Volume d’entraînement progressif, avec jours de repos programmés.
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Priorisez des charges modestes, des tempos lents, puis des sauts contrôlés avec alignement hanche‑genou‑pied. Le renforcement des ischio‑jambiers s’articule avec décélérations courtes et travail des hanches, afin d’augmenter la co‑contraction autour du genou sans générer de fatigue excessive.

Traitements : du conservateur à la chirurgie, quelles options et pour qui ?

Le soin conservateur vise la douleur contenue, l’œdème réduit, puis la mobilité, la force et l’équilibre. Une rééducation fonctionnelle structurée, encadrée par un kinésithérapeute, s’adresse aux entorses partielles ou à un genou stable dans vos activités, avec critères progressifs de reprise et travail spécifique sur les pivots.

À retenir : certains "copers" reprennent leurs activités sans chirurgie si le genou reste stable et si le programme de soins est bien structuré.

Pour un genou instable ou des sports à pivot, la chirurgie devient une option quand la laxité persiste et que les objectifs de performance sont élevés. La reconstruction du LCA s’effectue avec une greffe tendineuse prélevée au tendon rotulien, aux ischio‑jambiers ou au quadriceps, avec réathlétisation par étapes et critères de force avant reprise.

Retour au mouvement et au sport : prudence ou précipitation ?

Reprendre le mouvement après une lésion ligamentaire s’appuie sur un calendrier personnalisé pour vous, validé par l’équipe médicale et le kinésithérapeute. Les critères de retour sur le terrain combinent symétrie de force (moins de 10 % d’écart), contrôle neuromoteur, tests de sauts et tolérance à la charge.

Un retour trop hâtif, avant neuf mois après reconstruction du LCA, augmente le risque de récidive. La progression intègre montée en charges, sprints, changements de direction et contacts, avec genou sec, amplitude complète, confiance mesurée, et validation des tests fonctionnels, avant la reprise en match.